La construction du Morane-Saulnier Type G

Après avoir consacré plusieurs mois à la recherche des plans originaux, l’avion fut reproduit sur ordinateur avec le logiciel CATIA afin d’obtenir une maquette numérique en plus d’une nouvelle liasse de plans papiers. Lorsque la décision de refaire la traversée a été prise, il fut évident qu’il ne fallait pas, par sécurité, faire ce vol avec un moteur d’époque. Après quelques recherches, la décision fut prise de monter un petit moteur en étoile de 100 cv, le Rotec R-2800 de conception australienne.

La mise en oeuvre du projet démarra avant l’été 2012, avec la fabrication des pièces de bois pour le fuselage et des ferrures métalliques. Le lancement de la fabrication impliqua aussi la recherche de partenaires financiers.

Au sortir de l’été 2012, c’est l’Aéroclub de France, responsable de l’année Roland Garros, qui valida le projet en décidant de devenir partenaire de la traversée et de l’association Réplic’Air.

La construction de l’avion commença sérieusement fin 2012. Pour être prête pour la date anniversaire, l’association allait devoir sous-traiter un certain nombre de travaux. Les ailes furent réalisées par la société Hélice Valex, certaines pièces métalliques furent réalisées chez Carbonne Production ou chez Fusia en impression 3D métal. Le fuselage, l’assemblage final, l’entoilage, l’installation moteur et électrique allaient quant à eux être entièrement réalisés par les bénévoles de l’association.

L’assemblage final commença en février 2013 dans les locaux de Derichebourg Évolution Formation à Toulouse-Montaudran. Dans un premier temps, le fuselage fut mis en place sur son bâti de montage, ce qui permettait de monter toutes les cordes à piano – qui le rigidifient – puis de fixer l’étambot. Le moteur n’étant pas le même que celui d’origine, la partie avant allait être bien différente avec une cloison/bâti moteur qui nécessita beaucoup de travail.

Au printemps, le moteur Rotec arriva dans sa caisse en bois, accompagné de ses accessoires et de l’hélice. Il fallut alors étudier le positionnement de tous les éléments devant être montés à l’arrière du moteur alors mis en place de façon provisoire : filtres et tuyauterie d’huile et d’essence, réservoir d’huile, etc. Tout fut maquetté et fabriqué en prenant les mesures directement sur l’avion.

En juin, une étape importante fut franchie avec l’arrivée des ailes à Toulouse. Leur structure en bois est impressionnante ; il était presque dommage de devoir la recouvrir de toile (en omettant le fait que l’avion n’allait pas pouvoir voler sans cela). La structure bois était terminée mais il fallait encore fixer toutes les pièces métalliques sur lesquelles viennent s’attacher les haubans et monter les cordes à piano qui rigidifient la structure tout en gardant la souplesse nécessaire au gauchissement. En effet, le Morane-Saulnier type G ne possède pas d’aileron. La commande en roulis se fait en vrillant l’aile : c’est le « gauchissement »

Premier jalon important, la visite OSAC fut passée avec succès. Les travaux pouvaient continuer avec, entre autres, l’entoilage.

Mi-juin, un gros week-end de travail permit de souder tous les tubes en acier constituant le train d’atterrissage. Lorsque l’on voit l’assemblage et le travail demandé pour le fabriquer, on est admiratif devant l’habileté des ouvriers de l’époque malgré l’absence des outillages modernes. Ce même week-end l’entoilage commença. Le dimanche soir, les gouvernes et la moitié du fuselage étaient entoilés. Le train fut mis en place à blanc mais il allait falloir encore pas mal de travail d’ajustement avant que l’avion ne puisse reposer sur ses roues.

La semaine suivante arriva une pause dans la construction : le Morane-Saulnier G, ou du moins un assemblage partiel, s’envola à bord de l’A380 d’essai MSN1 pour le grand salon du Bourget. Il y fut exposé à côté de son grand frère originel dans la salle des huit colonnes tout juste rénovée.

L’entoilage reprit le week-end suivant avec les ailes : partie la plus spécifique due aux commandes en gauchissement. Les semaines d’après furent consacrées à l’aménagement du fuselage, commande de vol, réservoir et montage de l’installation électrique. Les soirées passaient de plus en plus vite et duraient de plus en plus longtemps, mais le travail avançait. Ce n’était parfois pas très spectaculaire, mais le Morane-Saulnier G prenait forme.

Fin juillet 2013, le fuselage était bien avancé, sur son train, les gouvernes de direction et de profondeur en place et surtout le moteur et l’hélice à leurs positions définitives. Rapidement, un premier démarrage de ce moteur flambant neuf fut entrepris. Le lancement doit s’effectuer à la main car l’avion ne possède pas de démarreur. Après quelques essais, le moteur démarra et ronronna allègrement.

La semaine suivante, le fuselage et les ailes partaient en peinture et le week-end l’avion se retrouvait à Auch où il allait être basé jusqu’à la fin de l’année. Pendant plusieurs semaines, les travaux de mise en croix et de réglage de l’avion allaient avancer à grands pas grâce à la bonne dizaine de membres de Replic’Air qui se relayaient sur place.

La construction fut terminée en moins d’un an. Il restait maintenant à fiabiliser l’ensemble, faire le rodage et les essais en vol.