Mon vol en passager du Morane Saulnier Type G

Terrain de Gaillac.

Ce devait être un simple week-end Réplic’Air. Le Morane Type G étant arrivé par la route sur le terrain de Gaillac, nous devions le remettre en état de vol et procéder à un vol de contrôle.
Je retrouvai les copains le vendredi pour un remontage nocturne et une nuit à camper sous l’aile de l’avion. Le samedi matin les essais moteurs étaient concluants, les premiers vols également. C’est à ce moment que la nouvelle tomba : « l’avion vole bien, on enchaîne sur les baptêmes. Alex, tu fais partie des trois suivants »

L’émotion monta en moi : j’allais enfin pouvoir faire un tour sur le Morane, cet avion que je côtoyais depuis un an et sur lequel j’avais donné un petit coup de main en fin de construction. J’avais eu l’occasion de l’approcher en patrouille afin d’en admirer ses formes. Cette fois-ci, c’était à mon tour de monter à bord, derrière Hervé qui serait aux commandes pour une série de tours de piste.

L’installation à bord n’est pas aisée. Le Morane est haut sur pattes, le positionnement de son aile n’aide pas non plus à accéder au minuscule siège sur lequel nous serons deux.

Une fois assis derrière Hervé, je me rends compte de l’étroitesse de la cabine. Pendant 20 minutes je ne pourrai absolument pas bouger mes jambes. J’ai l’impression d’être passager d’une Harley Davidson plutôt que d’un avion.

Après une mise en route « moteur chaud » un peu capricieuse, le Rotec en étoile de 110 chevaux prend ses tours. On vérifie les paramètres, une dernière do-list et l’avion est prêt à s’élancer.

Hervé me fait signe qu’il va mettre la puissance. Le Morane roule quelques mètres, puis décolle. Ça y est, nous sommes en l’air aux commandes de cette machine mythique, une centaine d’années après Garros, quelle émotion. J’essaie de savourer chaque seconde, regardant tantôt le paysage, tantôt les différents paramètres. Le premier virage me permet d’apprécier le gauchissement de l’aile. Cette aile qui s’articule autour de ses câbles que nous avions remontés la veille. Il s’agit de mon premier vol en décapotable : un vrai bonheur de pouvoir voler la tête à l’air libre et ainsi sentir le vent relatif.

Nous poursuivons ensuite notre tour de piste pour arriver en finale.

Je comprends alors que le Morane est un avion qui se pilote. Je sens que le pilotage d’Hervé est plus dense. Chaque coup de palonnier qu’il donne vient m’écraser les genoux contre un des cadres du fuselage, j’en garderai d’ailleurs une trace quelques heures après le vol. L’avion touche le sol, je sens qu’Hervé bataille au palonnier pour contrôler l’axe, il remet les gaz et nous repartons pour deux nouveaux tours de piste.

Pendant une vingtaine de minute, j’ai pu retrouver les sensations qu’ont connues les pionniers de l’aviation. Voler dans un avion conçu un siècle auparavant fut pour moi un grand moment, un de ces vols qui restent gravés dans la mémoire pour longtemps.

Merci Réplic’Air pour ce bonheur.